La puissance de l’intuition
La puissance de l’intuition
L‘intuition s’exprime par différentes voies.C’est notre inconscient qui véhicule ses messages, qui peuvent être de trois natures ; le ressenti, la vision, ou la pensée juste, que l’on appelle « petite voix ».
Pour chacun, l’intuition s’exprime singulièrement. Certains auront un accès facile à leurs sensations annonciatrices d’une mise en garde ou d’un encouragement, tandis que d’autres se réveilleront avec une image soudaine, très nette de ce qui pourrait se produire, ou d’une idée à développer. Une troisième voie est connue sous l’expression « petite voix », et indique que l’intuition prend cette fois la forme d’une voix pleine de sagesse, qui s’impose à notre pensée, et nous oriente en verbalisant ce qu’il convient de faire dans une situation donnée.
Qu’en est-il du fonctionnement sous-jacent à ces manifestations ?
Les trois voies de l’intuition
1 – Le ressenti
« Je ne le sens pas » est une expression typique pour décrire ce que les américains appellent le « gut-feeling », littéralement « le ressenti des tripes ». Tout indique que notre corps connaît et exprime la réponse à nos questionnements, mais aussi l’information d’un danger ou d’une opportunité, avant que notre conscient ne le verbalise.
Les études en neurosciences nous montrent par exemple que le rythme cardiaque s’accélère 1 à 2 secondes avant un danger *, indiquant même une étonnante prescience du corps .
Une expérience appelée le Gambling Task a été menée dans l’université d’Iowa en 2007 par le célèbre et controversé neurologue Antonio Damasio. Cette expérience démontre que lors d’un jeu de hasard impliquant le choix de cartes à jouer parmi quatre tas de cartes, le corps des participants déclenchait dès la dixième carte une sudation dans la paume lorsqu’ils s’orientaient vers le « mauvais tas » et ce n’est qu’au bout de 40 voire 50 cartes que le comportement commence à changer et il faut attendre 80 fois pour que les personnes expliquent rationnellement leur préférence dans le choix des cartes parmi les quatre tas, par la déduction de la fréquence des pertes ou des gains. Le corps a donc l’information 70 coups plus tôt, ce qui est déjà surprenant, mais il l’exprime aussi à sa façon puisque la sudation des paumes signale pour lui un stress.
c’est donc, comme en économie, par les signaux faibles que l’intuition se manifeste.
Nous comprenons l’importance de cesser de temps en temps de nous brancher sur les informations extérieures pour nous orienter, et placer notre attention à l’intérieur de notre propre corps, à l’écoute de ses signaux. C’est en pratiquant cette attention régulièrement que vous finirez par en décoder le langage, plein de nuances et de précision.
Les signaux du corps ne sont parfois pas si faibles lorsque l’intuition a quelque chose d’important à dire ! Pour Georges Soros par exemple, légendaire traders de Wall Street, spéculateur spectaculaire, c’est une terrible douleur dans le dos, récurrente lorsqu’il se trompait, qui l’a guidé de tout temps dans le choix de ses placements. Ce n’est qu’à la fin de sa carrière, il y a quelques années, à la tête de la onzième fortune américaine, qu’il a révélé son secret. Loin des calculs de probabilités complexes et des statistiques, Georges Soros doit bien sa fortune à son intuition sensitive.
2 – La vision
Nous appelons visionnaires ceux dont on reconnaît qu’ils voient l’avenir, et quelque chose s’y inscrire de manière évidente pour eux, inaccessible pour la plupart.
Léonard de Vinci s’avère le chef de file de ces hommes qui ont su accueillir les images qui leur parvenaient, non pas comme une absurdité fantaisiste, mais bien comme les premières traces d’un avenir perceptible. C’est ce qui amena cet homme hors du commun à dessiner par exemple une machine volante au XVIe siècle.
En fait, si nous intégrons que l’intuition est un moyen de communication entre l’inconscient et le conscient, nous pouvons comprendre la forme que prend cette communication particulière. Elle va en effet d’abord s’exprimer dans le langage de l’inconscient qui est avant tout fait de symboles, et donc d’images.
De ce fait, notre inconscient choisit parfois ce moyen le plus évident pour lui, pour faire remonter à la conscience des éléments qu’il a compris avant le conscient. D’où ces phénomènes de visions, flashs, « insight », voire de rêves déclencheurs de découvertes.
Nous en faisons l’expérience dans nos rêves, certaines nuits. Lorsque nous nous réveillons avec le fil d’une scène que notre inconscient a produit dans notre sommeil paradoxal, nous en restons souvent perplexes. Il n’est pas aisé d’en comprendre le sens et nous laissons souvent des messages essentiels nous échapper, uniquement parce que nous ne possédons pas le langage des symboles.
Certaines fois, ils sont plus faciles à décrypter et l’inconscient se montre plus explicite.
C’est ce qu’a vécu le chimiste allemand Friedrich Kekulé, qui a révélé en 1890, 25 ans après sa découverte de la forme du noyau de Benzène, qu’il en avait eu la révélation en deux rêves qui se suivaient, et qui mettaient en scène des atomes dansant en rond, et se reliant d’une manière précise, puis par l’inscription de ces atomes dans le cercle formé par un serpent avalant sa propre queue.
Qu’elle est loin la rationalité toute puissante du scientifique !
Plus près de nous, le français Roland Moreno explique au quotidien France Soir son invention de la carte à puce : « J’ai trouvé la solution dans mon sommeil en rêvant. En vérité, je suis un gros paresseux et j’ai une très faible productivité ».
Steve Jobs s’est également appuyé sur sa vision. Il avait lui aussi parfaitement conscience de percevoir avant tout le monde ce qui allait marcher, ce qui lui a notamment fait dire « Il est inutile de faire des études de marché. Les gens ne savent ce qu’ils veulent que lorsqu’ils l’ont devant les yeux. ».
Ce registre de la vision est un mode spécifique, qui se manifeste aux frontières de la conscience, dans ce que l’hypnose désigne comme « l’état alpha », et qui est une sorte d’intermédiaire entre le sommeil et l’état de conscience ordinaire du quotidien. C’est ce que nous expérimentons au réveil, mais aussi lorsque nous sommes plongés dans l’observation d’un feu, ou de l’océan. Les moments où quelqu’un vient vous sortir de cet état pourtant fécond en vous disant « houhou, tu dors ? »
Les yogis connaissent cet état depuis des millénaires et l’appellent le yoga nidra. Ils ont développé une pratique visant à accueillir le langage symbolique de notre inconscient.
Les neurologues eux, parlent d’un état de synesthésie. Nous le trouvons dans cet état particulier, comme dans celui de la très grande concentration, dans une partie d’échec ou une compétition sportive de haut niveau. Ce qui est visible par un IRM, c’est la synergie des différentes aires de notre cerveau, avec un effet démultiplicateur de nos sens. Notre acuité par exemple peut s’en trouver augmentée ou transformée.
C’est ce qui peut expliquer notamment l’étrange phénomène de la vision de Vincent Van Gogh lorsqu’il a peint « La nuit étoilée » * La consultation du calendrier astronomique a permis de découvrir que les tâches jaunes qu’il a peintes dans le ciel, de tailles différentes, se trouvent à l’endroit précis et dans les proportions exactes de constellations existantes, invisibles à l’oeil nu.
Ce qui peut apparaître comme un phénomène marginal est une pratique courante pour les peuples premiers. Les indiens Kogis par exemple, * ont la particularité de savoir développer cette capacité visionnaire par un entraînement spécifique. C’est ce qui permet à un individu sortant d’un espace fermé où il est resté pendant ses 18 premières années, d’être dépositaire de la Connaissance au sens le plus large et le plus noble qui soit. Eric Julien, géographe français a ainsi bénéficié de soins médicaux parfaitement appropriés et délivrés, alors qu’il souffrait d’une embolie pulmonaire en pleine forêt, sur leur territoire. De retour en France, c’est la stupéfaction qui l’emporte pour les médecins devant cette connaissance mystérieuse.
Nous sommes encore loin d’avoir fait le tour des secrets de ces prodigieuses visions qui changent le monde, mais il paraît intéressant de se pencher d’un peu plus près sur nos rêves et nos flashs, qui détiennent peut-être les clés d’une invention ou d’une innovation.
3 – La « petite voix »
« Entends-tu la voix de la sagesse ? ». N’avez-vous jamais dit « j’aurais dû m’écouter ».. et c’est parfois l’influence de la pensée dominante du moment, ou la peur qui nous fait négliger ce qui s’exprime de manière pourtant claire et nette dans notre pensée, lorsque nous nous trouvons devant un choix.
Mais est-ce si clair pour tous ? Il est vrai que dans la cacophonie de notre pensée, nous sommes la plupart du temps ballottés par les courants contraires des différentes parties de nous, qui se mettent souvent toutes ensemble à débattre lorsqu’une décision nous échoit.
Mais si on se met à entendre des voix, me direz-vous, ne serait-ce pas là un signe de démence ?
La question est intéressante. Il s’agit de distinguer ce qui relève de la pathologie, du mode de pensée ordinaire. Si les personnes souffrant de schizophrénie décrivent par exemple le fait d’être assaillies par des voix, il s’agit pour elles d’une altération de leur capacité à vivre dans notre espace de réalité.
Notre capacité à vivre dans une réalité partagée par presque tous, est notamment due à notre aptitude à distinguer ce qui est imaginaire du réel.
Ce qui se déroule dans la pensée de tout le monde, se révèle cependant proche de voix que nous entendons également, mais dont on sait qu’elles sont « nous », et qui sont animées de propos dits « normaux ». C’est tellement vrai que nous écoutons bien notre pensée, que c’est également un phénomène qui a pu être mis au jour par l’imagerie médicale.
En effet, une personne placée dans un espace parfaitement insonorisé, montre pourtant bien une activité au niveau de l’aire auditive de son cerveau. Or, il n’y a rien à entendre…la personne est donc bien en train d’écouter…sa propre pensée. Cette propriété de la pensée s’appelle l’endophasie.
Le mathématicien Cédric Villani, a par exemple décrit ce phénomène, qu’il a vécu dans la résolution d’une erreur de trente pages dans l’une de ses démonstrations, qui allait le conduire à recevoir la médaille Fields en 2010. (équivalent du prix Nobel pour les mathématiques).
Il raconte qu’après s’être engagé à résoudre cette erreur auprès de ses amis, il avait passé des heures à sa table de travail, à chercher sans relâche, sans résultat. Il s’était couché épuisé à 3h et demie du matin, bredouille. C’est lorsque son réveil sonne quelques heures plus tard, que dans un demi-sommeil, l’esprit encore totalement embrumé, qu’il entend une voix intérieure dire « il faut prendre la Transformée de Fourier et faire passer le second terme de l’autre côté »… et ça a marché !
C’est également ainsi que Thierry Boiron, dirigeant du laboratoire du même nom, décrit sa décision soudaine, de créer une filiale en Russie. Et il se félicite de rester fidèlement à l’écoute de cette sagesse intérieure.
Nous bénéficions d’ailleurs d’un haut patronage dans le domaine, puisque Socrate lui-même disait « je ne sais rien. Et quand je parle, ce n’est pas moi qui parle, mais mon Daïmon ».
Daïmon ne trouve pas réellement de traduction valable en français. Cela s’approcherait de la notion de guide ou d’esprit aidant au discernement.
Cette notion datant de l’antiquité, se retrouve aussi au Japon, avec le « Kami » et en Perse, actuel Iran, avec une notion qui a traversé le temps ; le « Daerna » continue de signifier « l’inspiration », pour cette contrée qui a porté aux nues ses poètes.
Et vous ? comment s’exprime votre intuition ?
Vous reconnaissez-vous dans ces signaux du corps qui semblent guider nos choix ou bien êtes-vous plutôt familier de rêves marquants ou de flashs qui vous montrent la voie ? Ou bien encore, est-ce nichée dans votre esprit que votre intuition vous parle, sous la forme de la troublante « petite voix » ?
Si vous souhaitez mieux le découvrir, plongez dans l’expérience d’un stage ou d’un atelier !
À bientôt !